Rue du Commerce

La pleine Lune trône au-dessus des immeubles par la fenêtre de l'appartement...Je comprends alors pourquoi je n'ai fait que pleurer.

Dans les transports. C'est souvent dans les transports, quand soudain je prends conscience que je suis seule au milieu de ce monde, que je n'ai plus ma main dans celle d'Erwann, qu'il n'est plus assis à côté de moi. Je prends conscience que personne autour de moi ne me connait, ne me soutient, ne me protège, que personne autour de moi ne m'aime. Je prends conscience que la vie était drôlement plus rose quand Erwann me prenait dans ses bras, et quand je prenais son visage dans mes mains pour l'embrasser, quand la vie me permettait de l'aimer de tout mon coeur et aujourd'hui je pleure...

Et surtout je réalise qu'il a passé sa journée sans moi sans encombre, il était pas chez lui le midi, et ça m'a renversé au milieu du salon, j'ai appelé appelé appelé, mais où il est? Et je réalise qu'il se soucie pas de moi et surtout je réalise qu'il m'aime pas.Enfin. J'ai eu envie de voir Patou, la dame de la cafèt' qui nous appelait les Doudous, j'avais envie de pleurer derrière son comptoir et de lui dire "ça y est, j'ai été conne, qu'est-ce que je suis conne, il ne m'aime pas, il ne reviendra pas, il ne reviendra plus, il n'est jamais venu." Pleurer et qu'elle me dise  que c'est dommage, que nous étions si mignons...

Et là je suis toute seule dans cet appartement, sous la Lune, et je pleure tellement que j'innonde encore le clavier, je me demande comment il fait pour pas clamser.

Et je me dis que j'aime pas ma vie, que je voudrais m'en aller, que je reviendrais jamais vivre ici, que je vais changer et ça aussi ça me fait pleurer :  j'ai compris que Erwann je l'ai trop aimer, qu'il faudra plus que j'aime autant, que j'aime tellement que je dois faire fuir, que je dois être trop conne, quelle conne, je suis une conne. Je veux plus aimer, aimer Erwann et comprendre qu'il ne m'aime pas ça me fait tellement pleurer, j'ai un piquet dans le coeur, j'arrive pas à l'enlever et malgré toute ma volonté je souffre.

Je me sens seule et y'a personne en bas de ma fenêtre pour me réciter des sonnets. Je suis une conne trop blessée.