Mon téléphone

Je passe de longues minutes à le regarder.
Le  bus 101 que j'ai attrapé aux feux baigne dans les rayons d'un soleil épuisé par sa journée. Par la sortie du RER, j'aperçois une de ses jolies blondes vénitiennes aux cheveux fins et brillants. Elle porte le même genre de strentch que moi, sauf que sur un jean en 36 et des ptits mocassins ça donne toujours mieux. Elle court pr prendre le bus aux feux comme je viens de le faire. Y'a du sourire dans ses yeux qd le chauffeur lui ouvre la porte. Y'a des étoiles dans son sourire quand un homme de la quarantaine l'interpelle pr la saluer. Puis, après s'être joliment excusée, je sens sa présence m'éffleurer. Une amie à elle était assise derrière moi. Elles discutent?

"Je suis la cinquième de ma classe quand même!
- moi j'ai 15.6 de moy là, mais bon j'ai redoublé l'année dernière avec 11...
- ouais mais 15, ça va..."

J'oublie. Par la fenêtre, un gros ado à la démarche branlante porte des énormes écouteurs sous sa longue masse de cheveux. J'oublie encore et puis, à mon tour, je descends.

Sur la dernière ligne droite avant d'ouvrir ma maison rose, le soleil est encore là. Heureusement. Les ptites chaussures rouges que j'ai acheté en 38 m'ont tué les pieds. C'est ça faire du 38.5 pointure qui n'existe pas toujours. Alors je me dis "courage" seulement qlq mètres te séparent de la solitude d'un canapé mortuaire.

Le bleu sur mon bras a pris des proportions énormes. Pour des prises de sang prises sur le bout de mes index je ne comprends pas. Et puis, pourquoi? Pourquoi suis-je encore là? Même pas un coma. Une assistance respiratoire. Un réveil dans la merde et le vomi. Une perfusion et des électrodes comme toute droite sortie de la matrice ds Matrix. Pas partie la Luce. C'était pas mon tour.

Une psy qui me fait raconter ma vie. Sans rien m'apprendre de plus que je ne sais déjà. Juste que la vie est dure, que la mienne est compliquée comme bien d'autres et puis...........voilà.

Et puis, tous les gens qui m'aiment. Et ces mêmes gens que j'aiment. Et les avoir fait souffrir j'en pleure. Et mon Dieu mais qu'est-ce qui va pas chez moi?

Alors je regarde mon téléphone...pendant de longues minutes...assise sur mon canapé. Je le sais que même s'il sonnait ça ne règlerait rien. Je sais que même s'il m'appelle ce sera par pitié. Parce qu'il aura pensé qu'il a contribué à cela. Parce qu'il se dira qu'il ne me veut pas plus de mal. Parce que je sais qu'il m'aime bien. Comment pourrait-on être cruel à ce point? Il fera durer les silences. Il se mentira, et me mentira, je mentirai de même. Et j'attends.

J'attends de le revoir. Parce que j'ai trop oublier pr avoir encore à me dire "oublie-le". J'attendrais de le voir, de mes propres yeux, vers ses 2.08m. Je lui dirais qu'il n'y était pour rien, ou juste pr l'étincelle qui a fait exploser l'ampoule, je lui dirais que ce qui a été dur pour moi c'est de ne pas comprendre comment après avoir passé de bons moments ensembles il avait pu ainsi me zapper, je lui dirais que je ne lui en veux pas, que la vie parfois c'est ça. Et même si je sais qu'il répondrait qu'il ne me zappait pas, je lui répondrait qu'il ne m'aimait pas assez et que s'en est la preuve. Que je sais bien qu'il ne m'aime pas. Que c'est pas un drame. Et qu'un jour je lui souhaite comme à tous de réaliser ses rêves et de continuer sa route toujours droit vers ses objectifs sans perdre espoir.

Je l'aimais déjà bcp moi. Je ne saurais pas dire pourquoi. Il était attachant. Il m'a donné des moments de bonheur que je n'oublierai pas. Je l'en remercie. J'avais juste voulu y croire. Et tant pis.

Je suis de nouveau seule dans mon grand lit. Avec beaucoup d'amour autour de moi. De l'amour que je donnerai et que j'apprendrai à ne pas réclamer.

Just..........don't ask me why I'm crying. You gonna save me from myself.

Comments

[jayzuzi]

arrête de dire des trucs aussi beux même si c'est vrai, tu vas réussir à m'émouvoir jusqu'à la larme un de ces jours!
grosses bises et courage ma grande